Lettre de motivation pour passerelle en médecine

Voici la lettre de motivation d’un étudiant retenu pour une entrée en troisième année de médecine. Si vous avez des questions n’hésitez pas à les poser dans les commentaire de cette page. Car bien que l’étudiant souhaite rester anonyme, il pourra passer vous répondre ici même.

Mesdames, Messieurs du jury,

C’est avec une certaine fébrilité que je rédige cette lettre qui conditionnera beaucoup de choses pour mon avenir. Je vais m’appliquer à vous expliquer les raisons pour lesquelles après des études en sciences de la vie, je postule pour intégrer les études médicales.

Très jeune, alors que la plupart des autres enfants rêvaient d’être pompier ou policier, j’étais déjà intéressé par la médecine. A l’époque je voulais être ophtalmologiste, ce qui faisait rire ma mère qui ne comprenais pas trop pourquoi je voulais ressembler à notre ophtalmologiste qui selon elle « passe ses journées dans le noir et n’est pas très sympa ». Pourtant moi j’étais ravi d’aller le voir car étant très myope il me rendait de grands services !

Durant les années collège et lycée j’ai toujours été très bon élève, et intéressé par les sciences. J’adorais les sciences de la vie qui permettaient d’expliquer le fonctionnement de cette machine formidable qu’est le corps humain, et cela me confortait dans mon désir de me diriger vers des études médicales pour porter la blouse blanche.

Après le baccalauréat je comptais donc naturellement me diriger vers des études de médecine. Après discussion avec mes parents ils ont accepté de me financer 2 ou 3 années d’études mais pas plus. Cela ne suffirait pas pour un cursus médical complet et on m’avait à l’époque dissuadé de prendre un emploi tout en préparant le concours d’entrée en médecine, me disant que ce serait impossible.

Je me suis donc dirigé par défaut vers la biologie. A l’issue d’une licence biologie/santé, faisant partie des meilleurs de ma promotion j’ai finalement pu bénéficier d’une bourse au mérite pour effectuer un master, ce que j’ai fait. A l’issue de mon stage de Master 2 le laboratoire dans lequel je l’avais effectué m’a proposé une thèse, ce que j’ai accepté.

La recherche est un domaine passionnant, et quel plaisir de faire et de partager une nouvelle découverte ! Cependant, au bout d’environ une année, je me suis senti tourner en rond, sans réelle utilité hormis d’apporter de la valeur ajoutée. Rien de très épanouissant de mon point de vue.

Ça a été pour moi le début d’une remise en question. Remise en question qui m’a menée à savoir ce que je veux faire de ma vie. J’ai d’abord regretté les choix passés. Regretté de ne pas avoir insisté plus, du haut de mes 18 ans, pour suivre des études médicales, et trouvé des financements potentiels ! J’ai ensuite su expliquer la raison profonde qui me poussait à devenir médecin depuis mon enfance : j’ai toujours eu besoin et aurai toujours besoin de me sentir utile, et de faire des choses qui comptent ! Comme mon ophtalmologiste m’avait aidé avec mes problèmes de vues à l’époque. Cela c’est d’ailleurs inconsciemment manifesté durant mon cursus universitaire durant lequel je me suis beaucoup investi dans les instances de l’université au service des autres étudiants.

Lors de ma thèse j’ai été utile pour mon laboratoire, j’ai contribué à sa croissance, mais je n’ai rien fait d’utile pour les autres, rien qui compte vraiment. Et je sais aujourd’hui que c’est pour cela que je ne m’épanouissais pas et que mon introspection a débuté.

De plus je suis quelqu’un qui aime beaucoup les interactions sociales, et bien que la recherche est un travail d’équipe, on évolue finalement en vase clos ce qui ne me convient pas. J’ai besoin et j’aime aller à la rencontre des gens, je pense d’ailleurs que c’est un trait de ma personnalité qui me sera très utile auprès des patients.

Je suis ensuite allé lire le fameux serment d’Hippocrate car j’estime que si l’on souhaite s’engager dans une voie au bout de laquelle il faudra prêter un serment, la moindre des choses et de se renseigner sur ce serment. J’ai ainsi appris que le serment d’Hippocrate n’était plus prêté, et ai consulté le nouveau serment médical. J’y ai découvert des valeurs d’altruisme, de respect, d’intégrité qui me sont chères. Ma décision était prise : je deviendrai médecin, je porterai la blouse blanche !

Voilà maintenant un an et demi que j’ai pris cette décision et que je me consacre à sa réalisation. Je connaissais la passerelle en DCEM1 car à l’époque j’avais participé à la rédaction de contributions sur le rapport Bach. Il a donc été tout naturel pour moi de me diriger vers cette passerelle : « je finirai ma thèse et me préparerai à la passerelle ».

Ma première question a été de me demander quels seraient les obstacles pour moi à plusieurs années supplémentaires d’étude en médecine.

Une grosse surprise du côté de ma famille, qui n’ayant pas fait d’études m’a pris pour un masochiste. Mais après quelques temps, devant ma motivation et la construction de mon projet ils m’ont accordé leur soutien. Les choses ont été plus simple avec ma fiancée qui ne me voyant pas très épanoui durant ma thèse et connaissant mon attrait pour la médecine m’a tout de suite encouragé dans ce projet.

Le plus compliqué resterait l’aspect financier. Comment suivre un nouveau cursus universitaire sans revenu? Ayant l’habitude de vivre avec peu d’argent tous les mois le salaire versé par mon employeur était une bénédiction et m’a permis de devenir propriétaire de mon appartement. Avec ce nouveau projet d’études j’ai augmenté les mensualités de mon prêt, que j’ai fini de rembourser. Au prix de quelques sacrifices je suis donc aujourd’hui 100% propriétaire de mon logement ce qui m’évitera d’avoir un loyer à payer durant mes études.

Enfin je me suis déjà renseigné auprès de mon conseiller pôle emploi et celui-ci est disposé à me faire bénéficier de l’AISF pour une reprise d’études en médecine.

Une fois mon contrat de thèse terminé, ma motivation s’est encore accrue car j’ai pu me consacrer à 100% à la préparation de la passerelle. J’ai tout d’abord rencontré le doyen de l’UFR de médecine. Un entretient très intéressant qui m’a permis de me conforter dans mon choix. A ma demande il m’a également autorisé à suivre les cours de PCEM2 pour me préparer au mieux. Il m’a également donné son aval pour effectuer des stages d’observation à l’hôpital et chez le praticien.

Depuis la fin du mois de janvier je suis donc les cours de PCEM2. Je les trouve très intéressants et cela me permet de bien appréhender les lacunes que j’ai comme par exemple en anatomie, lacunes que je commence donc à combler. Suivre ces cours me permet aussi d’identifier les connaissances que je possède déjà, en particulier en biologie cellulaire, physiologie, et qui me seront utiles dans le domaine médical.

A l’heure actuelle, sur les conseils du département de médecine générale j’ai déjà eu l’opportunité d’effectuer un stage en médecine générale au sein d’une maison de santé de campagne. Ce stage m’a permis d’avoir un contact concret avec le métier de médecin en blouse blanche, j’ai ainsi pu vivre le quotidien d’un médecin de campagne entre son cabinet, les visites chez les patients et en maison de retraite. J’ai pu avoir un premier contact avec les patients, et me rendre compte de la richesse et de la diversité du métier, mais aussi des difficultés rencontrées par un médecin généraliste. Ce stage m’a réellement conforté dans mon projet de devenir médecin, j’en suis ressorti encore plus motivé en me rendant compte que mon idée du métier et ce que j’en attends correspond avec la réalité. J’ai aussi découvert l’exercice de la médecine au sein de la toute première maison de santé de France, et j’ai trouvé ce mode de fonctionnement collaboratif et collégial très intéressant. Enfin ce stage m’a permis de voir comment les nouvelles technologies peuvent être utilisées dans le cadre de l’exercice ce qui m’a impressionné étant moi-même technophile.

J’ai aussi souhaité faire un stage en infectiologie, et le chef de service du CHU ayant été emballé par mon projet m’a proposé de faire un stage type DCEM1 dès cet été. Enfin j’ai aussi demandé un stage en psychiatrie pour découvrir un pan de la médecine non somatique, ce stage est également prévu au CHU.

Aujourd’hui j’ai une situation stable, et j’ai besoin de faire quelque chose qui compte vraiment. Le besoin de m’accomplir qui j’en suis sur passera par l’exercice de la médecine. A ce stade ma lettre j’espère donc vous avoir convaincu de ma démarche construite et réfléchie, des raisons profondes, de ma motivation, et de ma détermination à devenir médecin.

Vous lisez cette lettre afin de décider si vous voulez me laisserez cette chance, et bien que je sois vraiment très motivé et préparé cela ne fait pas tout, il faut que je vous explique ce que je pourrai apporter à la médecine.

J’envisage mon entrée en médecine non pas comme une rupture ou un nouveau départ mais je l’inscrit dans une démarche cohérente de poursuite d’études. En effet mon cursus universitaire scientifique n’est pas si éloigné de la médecine et je souhaite utiliser les compétences acquises et les valoriser dans l’exercice de la médecine. Mes compétences et centres d’intérêts m’orientent naturellement vers l’exercice de l’infectiologie, la médecine interne, ou encore la médecine générale complétée par un DIU d’infectiologie. Je pourrai alors utiliser mes connaissances fondamentales en biologie cellulaire/moléculaire, immunologie, etc… et les valoriser dans l’exercice de la médecine. Cela me permettrait d’avoir une approche différente d’étudiants ayant suivi une formation médicale classique, une approche et une vision complémentaire des problèmes médicaux.

Comme évoqué précédemment je sais aujourd’hui que la recherche fondamentale ne me permet pas de m’épanouir dans ma vie professionnelle. Je n’ai cependant aucune aversion envers la recherche, c’est un domaine très intéressant et si j’en ai la possibilité je serai ravi d’avoir une activité de recherche une fois médecin. En milieu hospitalier ce serait alors sur des études cliniques et tournée vers la thérapie. Mon stage chez le médecin généraliste m’a également montré qu’il y a énormément de données exploitables et encore trop peu exploitées chez les praticiens. La recherche ne serait cependant pas mon activité principale, je souhaite en effet toujours rester focalisé sur les patients et leur rétablissement.

Durant ma thèse j’ai également acquis un raisonnement scientifique et une logique qui j’en suis persuadé me seront très utiles. Je pense que ce sera une qualité précieuse en sémiologie par exemple, lors de l’établissement d’un diagnostic où il faut savoir prendre une décision de traitement tout en restant ouvert à plusieurs possibilités.

Que ce soit en milieu hospitalier ou libéral, je pourrai également appliquer mes compétences en management d’équipe et gestion. Des compétences qui pour moi sont indispensables dans notre société moderne où un médecin doit savoir gérer au mieux ses relations ses patients, son équipe, et veiller à la bonne marche de son service.

En bref je pense que j’apporterai ainsi de la diversité et des compétences supplémentaires à la médecine.

Concernant mon affectation, je souhaite postuler pour suivre mon deuxième cycle des études médicales. Tout d’abord pour des raisons pratiques, en effet mon logement est situé en face de la faculté de médecine. Mais aussi pour des raisons pédagogiques, puisqu’après avoir suivi les cours de PCEM2 j’ai trouvé pratiquement tous les intervenants très pertinents. De plus j’ai pu rencontrer certains membres de l’équipe pédagogique et cela a toujours été de bonnes rencontres, en particulier avec certains « coach » pour les ECN qui donnent beaucoup de leur temps pour suivre les étudiants de manière individuelle.

Je suis conscient que le nombre de candidats à la passerelle est élevé et que je ne serai peut-être pas retenu. Cependant je suis très motivé, je n’entreprends jamais rien sans être sûr de mon choix et en me donnant à fond, et je souhaite me donner les moyens de réussir pour porter la blouse blanche. Cela explique toutes les démarches que j’ai effectuées dans le cadre de la préparation à cette passerelle.

Je vous informe également que j’ai aussi postulé pour la passerelle en PCEM2 en seconde intention, au titre du master obtenu avant mon doctorat. Les décrets n’indiquent aucune objection. Bien entendu mon premier souhait serait d’intégrer DCEM1 car j’ai déjà suivi une bonne partie des cours de PCEM2. Mais je souhaite tout de même mettre toutes les chances de mon côté ce qui explique cette double candidature.

J’espère vraiment que vous saurez apprécier le cœur et la détermination que j’ai mis dans ma candidature, et que vous me donnerez au moins l’opportunité de vous rencontrer lors des oraux de cette commission pour vous expliquer de vive voix mon envie et répondre à vos questions.

Respectueusement,

Un futur étudiant en médecine